Conférence des banques sociales (2 - 4 juin 2010)

, par Ekkehart Schmidt

Redonner un sens à la finance


Le monde a traversé ces derniers mois la plus intense secousse financière qu’il ait connue depuis les années 1930, et qui a déclenché une véritable crise économique globale.

Les citoyens ont en partie perdu confiance dans le secteur financier et expriment de plus en plus leur volonté de voir naître une nouvelle finance. La finance sociale, dans ses diverses formes, a montré une incroyable résilience face à la crise et connaît un substantiel et grandissant gain d’intérêt du grand public.

Le Forum de la Finance Sociale 2010, tentera de mettre en évidence les raisons de cette résilience et la manière dont la finance sociale peut insuffler à la finance classique et aux organes de régulation la volonté de reconnecter avec l’économie réelle et de redonner un sens à la finance.

La Conférence et le 20ième anniversaire de l’organisation INAISE se déroulent du 2 au 4 avril 2010 à Bruxelles. INAISE (INternAtional Investors in Social Economy) regroupe les principales banques sociales actives en Europe et dans le monde.

Etika est présent à Bruxelles comme aux conférences précédentes à Québec 2008 et Schifflange 2009 (voir article en bas).

Voir le programme et des photos du Forum ici. Un article en anglais ce trouve ici.



Conférence à Schifflange / Luxembourg (22 - 25 avril 2009)

Quand la finance se fait sociale, c’est toute la société qui y gagne !

Dans le cadre de la conférence annuelle des banques sociales, l’association etika – Initiativ fir alternativ Finanzéirung présente les multiples facettes de la finance sociale. Une cinquantaine de délégués représentant 35 nationalités sont attendues à Schifflange du 22 au 25 avril. Lors d’une conférence de presse le 21 avril, Giovanni Acquati, un des acteurs les plus connus, parlait de l’importance des banques sociales pour montrer une alternative.

"Finance sociale" est une expression qui semble un peu paradoxale, à l’heure où nous constatons chaque jour les conséquences désastreuses de la crise financière alimentée par une vision exclusivement orientée vers le profit à court-terme de l’investissement. C’est pourtant bien une réalité : l’association INAISE (INternAtional Investors in Social Economy) regroupe les principales banques sociales actives en Europe et dans le monde parmi lesquelles la banque Triodos (originaire des Pays-Bas), la Banca Etica (Italie), la Gemeinschaftsbank (Allemagne), mais aussi des structures plus modestes de type coopératives ou asbl qui travaillent en Europe et dans les quatre autres continents. Toutes ces organisations ont le point commun d’investir exclusivement dans des activités à haut rendement social ou environnemental. Cette année, INAISE tient sa conférence annuelle à Schifflange, dans le cadre des rencontres de l’économie sociale et solidaires Lux 09 : l’occasion de faire le point sur ces banques qui placent la plus-value environnementale et sociale des projets qu’elles financent au même niveau d’importance que la rentabilité financière.

Pour Giovanni Acquati (photo, avec Magali Paulus), créateur du circuit des coopératives financières sociales et solidaires MAG (Mutuelle Auto Gestion) en Italie, fondateur de la Banca Popolare Etica et ancien président de l’association d’INAISE. Pour lui, l’objectif principal de la finance sociale est de redonner du sens à une utilisation de l’argent qui respecte les personnes et de l’environnement.

"L’argent est un « instrument » très utile pour développer les activités économiques et donc faciliter les échanges entre les personnes mais il ne doit devenir jamais une « fin » de la vie !" Dans certains cas, ces outils sont apparentés à la sphère de la microfinance, mais il faut souligner que la microfinance est un extraordinaire instrument d’aide aux plus pauvres, mais ne peut constituer une solution à elle seule : elle doit se lier à d’autres instruments sociaux et solidaires. Ces autres outils soutiennent des activités d’organisations collectives structurées : par exemple l’octroi de crédits dans le secteur des entreprises de réinsertion par le travail ou dans le secteur de technologies innovantes de production d’énergie renouvelable. La finance sociale promeut une forme de capital "patient" : la vision de long terme l’emporte sur les considérations de rentabilité immédiate. La question du rendement financier n’est pas éludée pour autant : de nombreux produits de finance sociale proposent des performances équivalentes aux produits bancaires traditionnels. Les clients des banques sociales, comme ceux des banques traditionnelles, attendent certes un rendement, mais la performance financière n’est pas la première motivation ni pour les investisseurs ni pour la banque sociale : c’est la finalité sociale, solidaire et environnementale de l’investissement en totale transparence qui compte avant tout.

Afin de monter en puissance les banques sociales se structurent pour parvenir à la création d’une banque éthique européenne sur la base de l’action que l’italienne Banca Popolare Etica conduit depuis plusieurs années. Pour l’instant trois pays sont engagés dans ce processus : Italie (Banca Popolare Etica), France (Coopérative La NEF) ; Espagne (Fondation FIARE).

Les nombreux exemples existants en Europe et dans le monde font de la finance sociale un alter- native concrète non seulement à l’échelle luxembourgeoise mais bien à l’échelle mondiale. "Ici et maintenant chacun peut utiliser son argent comme outil de solidarité et de déve- loppement respectueux de l’humain et de l’environnement" conclut Magali Paulus, la présidente de etika.

Ceci est plus que jamais vrai dans ces temps de tempête financière : depuis le krach de septembre dernier les banques sociales ont pu constater une forte croissance de leurs activités en dépôts, ce qui démontre une demande de plus en plus affirmée de produits qui conjuguent éthique et rentabilité.



Lors de la conférence d’INAISE, etika a informé les visiteurs auprès d’un stand et a effectué une visite des projets sur le site d’Oikopolis qui ont été financé par un crédit alternativ (photos).

Plus d’informations : www.inaise.org