La biodiversité dans l’étau des marchés financiers - Vendredi 27 février

, par Jean-Sébastien Zippert

etika, ATTAC Luxembourg, et VOTUM KLIMA vous invitent à une conférence-déjeuner :

La biodiversité dans l’étau des marchés financiers

Vendredi 27 février 2015 à 12h15

Lieu : Salle Rheinsheim à l’Altrimenti asbl - 5 avenue Marie-Thérèse, Luxembourg

En présence de Maxime Combes, économiste et membre d’Attac France

Après l’explosion du marché des subprimes en 2007 aux Etat Unis et l’année suivante dans le reste du monde, les marchés financiers ont rapidement du trouver un nouvel eldorado pour placer leur liquidités. En plus de la dette publique ou des matières premières, y compris agricoles, les spéculateurs financiers s’attaquent à la nature : finance carbone, “cat bonds”, “green bonds”, paiements pour services écosystémiques, banques de biodiversité, leur imagination est sans limite.

Les banques de biodiversité, nées aux Etats-Unis il y a près de trente ans, sont en train d’être implantées en Europe à travers la mise en œuvre de politiques de “biodiversity offsetting” (soit la compensation de la biodiversité en français). Pour des entreprises minières, des compagnies pétrolières et des aménageurs – comme Rio Tinto, Arcellor Mittal, Lafarge, Bouygues, Shell, Total par exemple – la compensation biodiversité offre une possibilité de se prémunir et de répondre aux critiques portant sur les conséquences écologiques de leurs activités, plutôt que de réduire leurs impacts sur l’environnement et renoncer à certaines activités. Ainsi, plus besoin que les législateurs accroissent les régulations contraignantes De son côté, le secteur bancaire et financier pourrait tirer profit de cette nouvelle classe d’actifs financiers basés sur la biodiversité, une biodiversité normée et standardisée afin de pouvoir être quantifiée et comparée.

Travaillant souvent avec des cabinets d’étude spécialisés, des ONG de conservation voient dans ces projets de compensation une source de financements à ne pas négliger en période de raréfaction des ressources disponibles pour financer des projets de conservation et de restauration. Au risque de faire dépendre leurs financements et leur survie de la construction de nouveaux projets industriels et d’aménagement rendus possible par la compensation biodiversité. A travers des exemples concrets tirés des cinq continents, Maxime Combes évoquera les dangers de cette financiarisation à marche forcée de la nature, financiarisation qui s’est déjà concrétisée de nombreuses fois via les dispositifs de compensation carbone, tels que les MDP (mécanismes de développement propre), REDD et REDD + (en anglais : Reducing Emissions from Deforestation and Forest Degradation). Négociés au sein la Convention-cadre des Nations Unies sur le changement climatique, ces dispositifs de compensation carbone ont largement échoué mais ils restent promus par toute une série d’institutions internationales et d’acteurs économiques qui se refusent à penser à des politiques alternatives. Il est donc temps de nous emparer de ces sujets et de ne pas confier notre avenir et celui de la planète à la finance.

Présentation de l’orateur : Maxime Combes, diplômé de l’ENSAE, est économiste, membre d’ATTAC France et de l’AITEC, et contribue au site d’informations Bastamag. Il prépare actuellement une thèse sur les mécanismes de compensation de la biodiversité.

Il a contribué avec Geneviève Azam et Christophe Bonneuil à la rédaction de l’ouvrage « La nature n’a pas de prix : les méprises de l’économie verte » paru aux éditions Les liens qui libèrent. Ce livre sera disponible en dédicaces à l’issue de la conférence.

La conférence sera suivie d’un déjeuner (sandwiches et boissons) offert par etika.
Pour des raisons d’organisation, prière de s’inscrire par courriel via events@etika.lu avant le 25 février en précisant le nombre de personnes qui assisteront à la conférence et celles qui resteront pour le déjeuner.