Comment faire confiance aux nouveaux labels, aux critères ESG ?

, par Ekkehart Schmidt

Il y a des nouveaux produits financièrs qui réclament dêtre durable, le secteur connait un vrai boum. Mais avec ça il y a un grand risque de « greenwashing ». Des labels signalent quil y a des différences entre ces produits. Mais ils jugent dune façon trop nébuleuse, selon une étude de « Öko-Test », un magazine allemand de défense des consommateurs. Ceux qui existent sont issues dinstitutions privées et donc dans une situation de concurrence, ce qui ouvre la porte aux critères pas trop strictes.

LuxFlag par exemple a été fonde par des acteurs majeurs de la place financière et nest pas indépendant. Leur barre pour labelliser des produits nest pas placé très haut – donc pas difficile à sauter pour la plupart des acteurs. Öko-Test évalue les cinq labels issus de LuxFlag, par exemple LuxFlag ESG, comme étant pas très ambitieux.

Greenwashing ne devrait pas avoir droit à une labellisation. Cest mieux quaucun label, mais il manque dambition dêtre vraiment stricte, de séparer le blé de l’ivraie comme le font le « Umweltzeichen » le « Nordic Swan Ecolabel » ou le « FNG-Siegel ». En tout cas il est difficile pour des investisseurs privés den juger. Ils sont donc surtout utilisés par des investisseurs institutionnels. Il en est de même avec les agences de rating dont on peut recommander le Forum Ethibel, Vigeo, Ethifinanz, Inrate, Oekom, Sustainalytics ou Vigeo. Une bonne aide sont aussi le Code Europeen de Transparence de Eurosif, le MSCI et le Dow Jones Sustainibility Index. [Voir plus en allemand->https://etika.lu/ecrire/?exec=article&id_article=1455] Ce qui manque encore, ce sont des labels pour des produits dassurance. Au moins un premier pas sont des labels auto-développés, par exemple de Bâloise. Ils essayent de donner de transparence, mais aussi un contrôle externe des critères.

Cest pour ça qu’on salue la mise en plan dune taxonomie de la part de la commission européen et le projet dun EcoLabel sur le sujet du climat. Pour être considérée comme durable et alignée avec la taxonomie, on doit contribuer substantiellement à au moins un de six objectifs environnementaux fixé et de nuire à aucun deux. Donc cest axé sur laspect climatique, au détriment de la gouvernance et le social. On a l’impression quelle va se superposer à lapproche ESG. Il y a des définitions claires, mais il y manque quand même acontrôle externe des critères.

Comme client il faut vraiment faire attention et sorienter aux pionniers de la branche qui nont pas trois, mais 40 ans dexpérience et qui sont beaucoup plus cohérent dans leurs critères que des acteurs conventionnels qui prennent le train en marche. Des banques et émetteurs comme la GLS-Bank, Ökoworld, Triodos et Versiko noffrent que des produits durables avec un raisonnement éthique – du début de leur activité. Ils suivent une approche de triple accord rendement, social et écologique dans toute leur gamme de produits. Des acteurs conventionnels comme Degroof Petercam, Pictet ou Sarasin offrent, aussi déjà depuis une vingtaine dannées, au moins certains produits vraiment durables. Mais ce ne sont pas eux qui investissent le plus dans le marketing… Malheureusement, il n'existe pas encore de définition uniforme et contraignante de la manière exacte de distinguer un investissement durable d'un investissement non durable. Lors d'un test réalisé en 2014 par la Verbraucherzentrale Bremen et la Stiftung Warentest, un seul fonds d'actions a systématiquement évité tous les secteurs problématiques - malgré des critères ESG relativement stricts. La [Stiftung Warentest->www.test.de] évalue également le [Ökofonds->http://www.test.de/themen/geldanlage-banken/test/-Oekofonds/1659560/1659560/1664511/] à intervalles réguliers. Les labels financiers mentionnés ci-dessous sont d'autant plus importants pour l'évaluation des fonds. Ökotest a testé 19 de ces labels de qualité en 2018. Avec des résultats qui donnent à réfléchir : "[Nichts als Nebel (Rien que du brouillard)->https://www.oekotest.de/geld-versicherungen/19-Guetesiegel-fuer-gruene-Geldanlagen-im-Test_110894_1.html]". En mars 2020, une étude en français de la plateforme française Novethic est parue sur le site [Finance Durable->https://paperjam.lu/article/finance-durable-en-recherche-b?utm_medium=email&utm_campaign=11-03-2020%20Matin&utm_content=11-03-2020%20Matin+CID_96ff7116ac8d6e201fd8ba4c05d833a1&utm_source=Newsletter&utm_term=LIRE]. Elle examine les étiquettes de manière très détaillée ([version originale de juin 2020->https://www.novethic.fr/fileadmin//user_upload/tx_ausynovethicetudes/pdf_complets/Novethic_Panorama_des_labels_europ%C3%A9ens_de_finance_durable_Juin_2020.pdf]). En 2021, les acteurs du secteur financier devront commencer à publier toutes les informations nécessaires concernant la durabilité de leur activité. Un pas important dans le cadre du Green Deal de la Commission européenne qui construit son plan daction en faveur d`une finance plus durable.

Les labels financières en un coup d’œil :

L’Éco-label de l’UE, qui existe depuis 1992, n’a jusqu’à présent labellisé que les produits quotidiens respectueux de l’environnement, tels que les détergents, les couches ou les peintures. Il s’agit maintenant de l’étendre aux produits financiers. Cela devrait contribuer à la réalisation des objectifs climatiques ambitieux. Une première proposition a été présentée en mars 2021. En avril 2022, l’UE souhaite adopter définitivement ces critères. L’acquisition d’un certificat est volontaire pour les fournisseurs de produits. Les destinataires du label écologique de l’UE sont les consommateurs, qui doivent être aidés dans leur choix d’un produit d’investissement : Fondsprofessionell online, Handelsblatt et reclaimfinance.

Les exigences de divulgation de la taxonomie européenne.

Nous considérons le plan d’action de l’UE sur la finance durable et le projet de taxonomie lancé en 2018 comme globalement très positifs. L’UE élabore ainsi une stratégie ambitieuse pour la finance durable. L’objectif est d’orienter les flux de capitaux vers des investissements environnementaux et sociaux.

Les produits financiers proposés dans l’UE devront à l’avenir se référer à une taxonomie en cours d’élaboration. Il s’agit d’une procédure ou d’un modèle uniforme (schéma de classification) grâce auquel les objets sont classés selon certains critères, c’est-à-dire placés dans des catégories ou des classes (également appelées taxons).

À l’avenir, les produits qui voudront se dire "verts" devront le faire conformément à la taxonomie. La décision d’un acteur financier de proposer ou non des produits verts est toutefois volontaire et se limite pour l’instant aux obligations. Dans la taxonomie sur la protection de l’environnement/du climat, les activités économiques sont divisées en trois catégories :

  • Zéro carbone (vert : par exemple, reforestation)
  • Transition (émissions de gaz à effet de serre plus faibles par rapport à l’industrie, par exemple la production d’acier)
  • Favoriser (par exemple, les fabricants d’éoliennes)

Plus précisément, les produits financiers doivent être divulgués en vertu de l’article 8 (publicité sur les caractéristiques environnementales) et de l’article 9 (investissements durables) du règlement concernant les obligations d’information liées au développement durable dans le secteur des services financiers :

  • Comment et dans quelle mesure ils ont utilisé la taxonomie pour déterminer la durabilité sous-jacente de l’investissement ;
  • À quel objectif environnemental l’investissement contribue-t-il ?
  • Combien de l’investissement est conforme à la taxonomie (pourcentage).

Il n’y aura donc aucune obligation d’utiliser la taxonomie et aucun pourcentage minimum d’investissements compatibles avec la taxonomie. Tous les autres produits financiers devront comporter l’avertissement suivant : "Les investissements sous-jacents à ce produit financier ne tiennent pas compte des critères de l’UE en matière d’investissements écologiquement durables". Plus d’informations à ce sujet auprès de l’association CRIC et du Groupe d’experts techniques de l’UE.

La taxonomie est entrée en vigueur fin 2020, elle sera ensuite valable à partir de 2022. En tant qu’acteur de la société civile, nous avons participé aux consultations pertinentes. L’ONG "Finanzwende" et nous-mêmes considérons comme très problématique la récente décision d’être désormais conseillés ici par une entreprise qui, jusqu’à présent, n’a pas eu grand-chose à voir avec la durabilité : BlackRock, le plus grand gestionnaire d’actifs du monde.

BlackRock est l’un des plus sévères critiques de l’approche de l’UE en matière de finance durable, et en particulier de sa pierre angulaire, le règlement sur la taxonomie. C’est donc précisément ce critique le plus féroce qui est maintenant censé conseiller la Commission européenne sur sa stratégie de financement durable...

Article du 17 janvier 2021, actualisé le 22 juin 2021