Faciliter le financement citoyen

, par Ekkehart Schmidt
















Ce texte a été écrit pour la série "Luxemburg Recovery" du Paperjam en mai 2020.

Le Luxembourg combine une population avec un taux d’épargne très élevé et un foisonnement d’initiatives citoyennes actives en matière de transition énergétique visant à augmenter la résilience du Luxembourg face au défi climatique. Ces dernières pourraient se développer beaucoup plus facilement si elles disposaient d’un cadre légal et d’une plateforme pour se financer via crowdfunding (don avec ou sans contrepartie) ou crowdlending (prêt ou achat de parts de coopérative) comme dans les pays voisins.

Ces cinq dernières années, l’investissement participatif avec appel à l’épargne publique a connu un certain succès au Luxembourg. C’est ainsi que des coopératives en phase de création telles que TERRA, EQUIENERCOOP, OUNI mais aussi des entreprises bien établies comme OEKOPOLIS, ont pu lancer un appel à souscription publique pour financer leurs activités.

Certes ces expériences ont fonctionné, mais il existe d’autres porteurs de projets qui n’ont pas pu se financer faute d’un réseau de soutien conséquent ou d’un crédit bancaire, ce dernier leur restant bien souvent inaccessible au vu de leurs faibles garanties en terme de fonds propres.

Si le contexte économique post-COVID risque d’un coté d’accentuer la fragilisation de ces acteurs par rapport au crédit bancaire, il pourrait, de l’autre, disposer les épargnant.e.s à placer une partie de leur épargne dans des projets comportant un risque financier plus élevé qu’un compte d’épargne mais qui garantiraient un retour sur investissement plus attractif et la création d’emploi et de richesse pour tout le pays.

Malheureusement, contrairement à ses voisins, le Luxembourg ne dispose pas d’un cadre législatif suffisamment attractif pour promouvoir ce type d’investissement en mode peer-to-peer. Par ailleurs, il manque une plateforme d’information destinée au grand public qui donnerait de la visibilité à de tels projets à l’échelle nationale.

Une législation ad-hoc comme en Belgique avec un label tel que celui de Financité donne aux investisseurs et investisseuses potentiel.les une information standardisée sur l’investissement (localisation, identité des porteurs de projets, type d’activité, durée d’investissement attendu, rendement attendu, risques financiers encourus etc.) leur permettant ainsi de faire leur choix dans les meilleures conditions après un premier filtrage des candidats. Cette plateforme propose aussi un conseil personnalisé aux porteurs de projets, leur fournissant informations légales et commerciales utiles pour démarrer leur activité sereinement et éviter les erreurs de débutants. Des plateformes similaires ont été promues en Allemagne et en France, toutes soutenues par des acteurs de la finance sociale et solidaire.

La puissance économique du Luxembourg a longtemps dépendu d’une place financière très forte dans laquelle l’épargne de ses résident.e.s n’avait qu’un rôle marginal à jouer. Sa résilience dépendra justement de la capacité du gouvernement à renforcer un tissu d’entreprises promouvant une économie locale et durable.

Magali Paulus

Le photo montre Magali Paulus, présidente de etika, lors dun événement du Paperjam Club en 2016), crédit photo: Maison Moderne} {{Sources}}: [Lecho->https://www.lecho.be/monargent/epargner/les-cooperatives-distribuent-a-nouveau-un-genereux-dividende/10134436.html], Ecoreporter, Febea, Financité et leur Label, GLS Bank Crowd, Le Soir.

Parmi les autres 49 textes parus dans la série "Luxemburg Recovery" nous vous proposons de lire les idées de :

Article du 16 juin 2020, actualisé le 21 août 2020