Peu de personnes le savent, mais le Luxembourg est le seul pays membre de l’UE à disposer d’un Ministère de l’économie solidaire, alors que celle-ci en représentait en 2007 6,7% de l’emploi salarié dans 25 pays membres de l’UE*. Mais au fait, qu’est ce que l’économie solidaire ?
Photo : Chantier en forêt : autant que possible, l’économie solidaire s’efforce de satisfaire les besoins humains et la protection de la nature (Photo : Co-labor)
Autant il est assez facile de définir l’économie capitaliste qui a pour unique objet la rémunération du capital, autant les définitions de l’économie solidaire divergent suivant les pays, les cultures et les pratiques.
L’économie solidaire a comme caractéristique la volonté de mettre l’humain au centre de ses préoccupations. Cela se traduit concrètement de diverses façons :
– D’abord au niveau de l’emploi, dans la mesure où les entreprises se réclamant de l’économie solidaire vont accorder une place privilégiée dans leur recrutement aux personnes qui ont de grandes difficultés à accéder à l’emploi : personnes non diplômées, handicapés physiques
et mentaux, chômeurs de longue durée, femmes souhaitant retravailler après avoir élevé leurs enfants, etc. L’objet de ces entreprises n’est pas d’« occuper » ces personnes mais de leur donner une vraie formation professionnelle, voire de les resocialiser pour les cas les plus lourds. Le défi de cette réinsertion par le travail est leur redonner confiance pour qu’elles soient à même de reprendre leur destin en mains.
– L’économie solidaire entend également apporter des services à une population qui est souvent ignorée par la sphère marchande, ou mal prise en charge par les pouvoirs publics : elle peut ainsi proposer des services à la personne vers des populations précarisées, mais aussi fournir des biens de consommation à prix réduits pour des personnes en situation de grande difficulté financière (ex : les Caritas Buttek au Luxembourg).
Aujourd’hui, l’économie solidaire entend ajouter à ses préoccupations sociales la préservation de l’environnement, contredisant ainsi le préjugé que les priorités sociales et environnementales seraient antagonistes. En effet : l’économie solidaire s’inscrit ainsi dans un territoire en privilégiant les circuits courts entre les producteurs
de bien et de services et les consommateurs.
– Enfin, et ce n’est pas le moindre de ses mérites, une entreprise solidaire entend partager le pouvoir entre chacun de ses membres, qui dispose du même droit de vote. Afin de ne pas se fourvoyer dans les dérives de l’appât du gain, l’échelle des salaires est souvent modeste dans ces structures avec un facteur de 1 à 3 entre la
plus faible et plus forte rémunération.
Site de mapping ECOSOLUX
C’est ainsi qu’avec le soutien du Ministère de l’économie solidaire, de nombreux acteurs de ce secteur (L’institut d’Etudes sur l’économie
solidaire INEES, la fondation Caritas, Objectif Plein Emploi, Transfair Minka) etika s’est engagée depuis près de six mois dans un projet
d’envergure visant à identifier les organisations actives dans le cadre de l’économie solidaire au Luxembourg. Ceci s’est concrétisé par la création d’un site de mapping ECOSOLUX qui comme son nom l’indique va répertorier toutes les initiatives au Luxembourg. Contrairement
à un annuaire ou une instance qui décide seule de qui a le droit ou non d’être référencée, ce sont les organisations elles-mêmes qui peuvent s’inscrire sur le site, à partir du moment où elles s’engagent à respecter la charte ECOSOLUX.
Nous espérons que cette première étape donnera plus de visibilité aux acteurs de l’économie solidaire, à l’heure ou nous constatons chaque jour l’incapacité criante de l’économie de marché à répondre aux besoins humains élémentaires.
*Source : Rapport de Rafael Chaves et José Luis Monzón intitulé « L’économie sociale dans l’Union européenne »
Plus d’informations : www.ecosolux.lu