Après l´échec de Copenhague, l´Europe doit annoncer la couleur !
Luxembourg, 23 décembre 2009. Ce matin, Paul Delaunois,
directeur de Greenpeace Luxembourg, et Martina Holbach, chargée
de la campagne climat et énergie, ont présenté à la presse leur
analyse de l’échec du sommet de Copenhague. En outre, ils ont
expliqué leurs revendications pour la futur politique climatique de
l´Union européenne et du Luxembourg. Hier, le sommet de
Copenhague était à l´ordre du jour du conseil des ministres de
l´Environnement de l´UE.
„Le sommet de Copenhague s´est terminé sur un échec
dramatique, nos leaders politiques ont échoué”, déclare Paul
Delaunois. „Après deux ans de négociations, pour décider sur le
futur de notre planète et de la survie de 6.5 milliards de gens, les
plus puissants pays du monde nous ont profondément déçu avec
une maigre déclaration politique sans objectifs quantifiés, sans
engagements contraignants et sans la moindre idée comment le
processus politique pourra être poursuivi pour qu´il se termine sur
un accord international, équitable, ambitieux et contraignant en
2010. Ce sont les pays industrialisés et surtout les Etats-Unis et
l´Union européenne qui sont en grand partie responsables de ce
désastre, parce qu´ils ont refusé d´assumer leur responsabilité
historique pour lutter contre le réchauffement climatique”, explique
Paul Delaunois.
Bien que le ”non-Accord de Copenhague” reconnait que le réchauffement climatique doit être limité le plus que possible en
dessous de 2°C, l´Accord ne définit aucune réglementation
systématique pour atteindre cet objectif. Par contre, les
conclusions proposent un système qui ressemble plutôt à une
collecte d´aumône : chaque état peut donner ce qu´il veut. Les
promesses de réduction des émissions de gaz à effet de serre
mises sur la table par les grands émetteurs sont jusqu´à présent
très loin d´être suffisantes. D´après le calcul des experts en la
matière (voir ici), le monde serait condamné à une augmentation de la température moyenne globale d’au moins 3,5°C.
En prenant en compte toutes les lacunes du calcul de réduction, comme par exemple les mécanismes flexibles, les droits d´émissions connus sous l’appellation “hot air”, ainsi que les crédits forêts, Greenpeace craint que ces promesses ne résultent en fait que dans la continuation du “business-as-usual”, ce qui représenterait une
augmentation de la température globale de 6°C jusqu´à la fin du
siècle.
Suivant le ”non-Accord de Copenhague”, toutes les nations qui font
partie de l´annexe I de la Convention-cadre des Nations Unies sur
le changement climatique (CCNUCC) doivent communiquer avant le
31 janvier 2010 leurs objectifs de réduction des émissions de gaz à
effet de serre pour 2020 au secrétariat de la CCNUCC.
“Maintenant, nos leaders politiques ne peuvent simplement plus
revenir à l’ordre du jour comme si rien ne s’était passé. Il est
indispensable qu´ils reconnaissent leur échec collectif et trouvent
une solution. L´Union européenne qui se voit comme le précurseur
mondial en matière de protection du climat, doit assumer
pleinement ce rôle”, exige Martina Holbach. “Nous appelons le
gouvernement luxembourgeois pour qu´il soutienne activement une
déclaration unilatérale de l´UE en ligne avec les recommandations
scientifiques en matière de protection du climat et les exigences
des pays en développement afin de se protéger contre les
conséquences désastreuses du changement climatique.”
En ce qui concerne la politique climatique au Luxembourg,
Greenpeace Luxembourg estime que les discussions sur la futur
politique climatique nationale envisagées par le ministère du
développement durable pour le début de l´année prochaine
aboutissent enfin à une politique climatique efficace, cohérente et
en ligne avec les exigences de la science et des pays en
développement.
“Cependant, le succès des discussions dans le cadre de
l´élaboration du deuxième plan d´action CO2 sera largement
dépendant des négociations au sein de la Tripartite début 2010”,
explique Paul Delaunois. “Nous appelons les partenaires sociaux à
prendre en compte toutes les exigences de la protection du climat
lors de leurs négociations et de ne pas mettre en cause la mise en
place d’une futur politique climatique ambitieuse au Luxembourg”.
Plus d´information :
Paul Delaunois, tél. 621 49 30 14
Martina Holbach, tél. 621 23 33 62
Lettre ouverte
Avant Copenhague, Votum Klima a écrit une lettre ouverte au Premier Ministre Jean-Claude Juncker, le 27 octobre 2009 :
Monsieur le Premier Ministre,
Jeudi et vendredi prochains, vous participerez, en compagnie des autres Chefs d’Etat et de gouvernement, au Conseil européen au cours duquel, vous devrez trouver un d’accord sur la position de l’Union européenne pour la Conférence sur le climat de Copenhague.
Nous attendons très sérieusement que la position de l’UE se clarifie et permette d’aborder les négociations internationales en position de force. La semaine dernière, les ministres des Finances de l´UE ne sont pas parvenu à définir le montant de l’enveloppe financière nécessaire au soutien des pays en développement et n’ont pu afficher que le spectacle affligeant de leurs chamailleries sur leurs contributions potentielles. Les ministres de l’Environnement n’ont pas pu, non plus, indiquer une ambition nouvelle sur les objectifs de réduction des émissions en phase avec les récentes estimations scientifiques. En fait, la position de l’UE n’est plus très claire. L’Union européenne veut-elle que la Conférence de Copenhague réussisse ou échoue ? Souhaite-t-elle voir aboutir un traité global qui rendra le monde plus sûr pour l’humanité et l’environnement, ou va-t-elle plutôt regarder sans rien faire la catastrophe climatique se dérouler sous nos yeux ? Ces questions vous sont posées et vous devez y répondre tout de suite.
La communauté internationale entendra votre réponse à la fin du sommet de la semaine prochaine.
Soutien financier pour l’action climatique dans les pays en développement
Une décision concrète sur le niveau du financement public que l’UE entend apporter au pays en développement pour leur permettre de s’adapter au changement climatique, pour protéger les forêts et arrêter la déforestation et pour accompagner leurs efforts liés à la maîtrise de l’énergie et au développement des énergies renouvelables, doit être prise sans retard, car c’est la raison principale pour laquelle les négociations internationales sont actuellement au point mort.
La fourchette de 2 à 15 milliard d’Euro avancée par la Commission, en septembre, est terriblement inadéquate. Nous vous conseillons vivement de reconnaître que les pays en développement ont besoin d’un soutien massif pour mettre en place toutes ces mesures et qu’elles seront financées par des fonds publics. Nous vous demandons d´assurer l’engagement que l’UE consacrera 35 milliards d’Euro par an jusqu´en 2020, afin d’assumer la part relative revenant à l’UE de l’enveloppe globale de 110 milliard d’Euro par an nécessaire.
L’objectif de réduction des émissions de l’UE pour 2020
Bien que d’autres pays, comme le Japon et la Norvège, viennent de revoir à la hausse leur ambition, les ministres de l’Environnement de l´UE ont décidé la semaine dernière de remettre en question l’objectif de -30 %.
L’Union européenne doit réexaminer sa position actuelle sur son objectif pour 2020 et donner un engagement clair et sans équivoque pour un nouvel objectif revu à la hausse. L’engagement des -20 % n’impressionne plus personne. L’UE ne devrait pratiquement consentir aucun effort supplémentaire au « -business- as-usual- » pour atteindre cet objectif et ce dernier n’est pas en mesure de stimuler les investissements verts ni la création d’emplois verts.
Nous vous demandons de souscrire à un engagement de -40 % pour 2020 par rapport aux niveaux de 1990, et dont 30 % des réductions devront être réalisées à l’intérieur des frontières de l’UE.
En outre, nous vous recommandons vivement de veiller à la mise en place d’une structure juridique équitable, ambitieuse et contraignante dans le cadre du futur traité sur le climat de Copenhague. Seul un protocole négocié au titre de la Convention des Nations Unies apportera les garanties nécessaires à la réalisation d’un objectif global respecté par tous les pays développés, y compris les États-Unis.
Votre décision lors du Sommet de cette semaine sur la position finale que l’UE avancera à Copenhague montrera si le Luxembourg veut sérieusement s´engager dans la lutte contre les pires impacts du changement climatique.
Monsieur Juncker, nous espérons que vous saisirez cette chance pour envoyer un signal positif sur le climat au monde, car il n’y en aura pas un autre avant Copenhague.
Veuillez agréer, Monsieur le Premier ministre, l’expression de notre plus haute considération.
Luxembourg, le 27 octobre 2009
Etika est un des 30 membres de Votum Klima