Vers un Luxembourg décarbonisé, résilient et juste
Luxembourg, le 3 Juillet 2023 – Votum Klima a élaboré pour la troisième fois une liste de propositions et revendications concrètes et ambitieuses pour guider notre futur gouvernement vers un Luxembourg décarbonisé, résilient et juste. Issu de l’effort collectif de 14 organisations de la société civile du Luxembourg (parmi eux etika), les 156 propositions et revendications de Votum Klima [1] présentent les actions prioritaires que nous demandons de mettre en œuvre à nos représentant·es politiques (voir en bas).
Ces propositions et revendications ont été présentées à la presse ce lundi lors d’une action symbolique devant la chambre des députés, pour rappeler aux politiques que l’heure tourne. Les activistes de Votum Klima ont fait retentir des réveils afin de s’assurer que les membres de la commission environnement et climat de la chambre aient toutes les énergies nécessaires pour prendre des décisions urgentes.
Aujourd’hui, notre planète fait face à des défis environnementaux et sociaux sans précédent : le changement climatique,la perte de biodiversité et les inégalités croissantes, également au Luxembourg. Le dernier rapport du Groupe d’expert·es intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), publié en mars 2023, révèle que les émissions de gaz à effet de serre continuent d’augmenter. Sur les neuf « limites planétaires » identifiées par les scientifiques comme étant des seuils critiques à ne pas dépasser, six ont déjà été franchies.
L’accord de Paris a fixé l’objectif d’une économie zéro carbone d’ici le milieu de ce siècle. Pour atteindre cet objectif, nous avons besoin de toute urgence d’une stratégie de protection du climat et de l’environnement proposant aux ménages, aux commerces, à l’industrie, aux transports et à l’agriculture des objectifs et des mesures concrètes et encore plus ambitieux. Une telle stratégie doit impliquer un débat fondamental sur la croissance, afin d’aboutir à de nouvelles voies qui mettent l’accent sur le lien, le bien commun, la qualité de vie, la justice sociale et la protection de l’environnement pour une société durable.
Il est crucial d’agir maintenant et ensemble pour assurer un avenir durable aux générations futures. « Notre mode de vie au Luxembourg contribue aux émissions de gaz à effet de serre global : si toute la population mondiale vivait comme un habitant du Luxembourg, il nous faudrait 8 planètes », constate Raymond Aendekerk, directeur de Greenpeace Luxembourg. « Les principaux axes d’amélioration sont la surconsommation, les menaces sur notre environnement et l’eau, la mobilité, le logement et la consommation des énergies fossiles. Tous les plans nationaux établis devront être exécutés avec une priorité sur le climat et la biodiversité. »
Votum Klima appelle les décideurs politiques à intégrer pleinement la dimension sociale dans le domaine de la protection de l’environnement et du climat. « Dans le cas contraire, les mesures de protection du climat et de l’environnement peuvent rapidement être considérées comme des privilèges, des préoccupations bien loin des réalités et propres aux personnes ayant un niveau de vie plutôt aisé. A cet égard, il est important de prévenir à la fois les réelles injustices et le renforcement du sentiment d’injustice et des conflits sociaux », souligne Carole Reckinger, responsable du plaidoyer politique de Caritas Luxembourg.
Les responsabilités du Luxembourg ne s’arrêtent pas aux frontières. L’impact le plus grand en termes environnementaux et sociaux se manifeste par le secteur financier luxembourgeois qui gère encore des milliards d’euros dans des fonds fossiles et nucléaires. Le commerce mondial génère également des injustices et des dégâts à l’environnement : la loi pour un devoir de vigilance doit être mise en place pour prévenir ces abus. Une coopération ambitieuse, juste et climato-compatible ainsi qu’une reconnaissance des réfugiés climatiques doivent être sur l’agenda du prochain gouvernement.
« Le gouvernement luxembourgeois souligne toujours qu’il est l’un des plus grands donateurs par habitant au niveau du Fonds vert pour le climat des Nations Unies et qu’il assume ainsi ses responsabilités. Mais un financement international pour le climat équitable correspondant aux dommages causés ne doit pas fonctionner selon le principe ‘on répartit le même argent entre différents pots‘ », explique Cédric Reichel, co-coordinateur de l’Alliance pour le Climat auprès de l’ASTM. « Le prochain gouvernement doit faire des pertes et dommages (Loss&Damages) le troisième pilier du financement climatique international et assumer sa responsabilité envers les populations des Pays du Sud, qui ont peu contribué au changement climatique ».
Une transition sociétale au service du bien commun doit amener de nouvelles politiques de régénération, de justice sociale et une économie avantageuse pour tous et toutes. « Une gouvernance participative à plusieurs échelles, inclusive et transformatrice est indispensable pour engendrer les changements fondamentaux nécessaires. Afin de favoriser la participation citoyenne, il faut en assurer un haut niveau donnant un réel pouvoir décisionnel et garantir les conditions nécessaires, notamment en impliquant les citoyen·nes du début à la fin d’un processus » affirme Magali Paulus, facilitatrice de processus participatifs chez CELL. Une transformation sociétale requiert une approche axée sur le genre et une intégration de la protection du climat dans les programmes éducatifs.
Nous appelons nos futur·es élu·es à s’engager résolument dans la protection du climat, de l’environnement et de la justice sociale pour les générations actuelles et futures. Il est crucial d’agir maintenant et ensemble pour assurer un avenir durable, résilient et joyeux aux générations futures.
Notes :
[1] Contributions des membres de Votum Klima : Greenpeace, ASTM, CELL, Caritas Luxembourg, etika, Eurosolar Lëtzebuerg, frères des hommes, Fairtrade Lëtzebuerg, partage, SOS Faim, natur&ëmwelt, biolandwirtschaft Lëtzebuerg, proVelo.